lundi 11 juin 2012

Festival PREMIERES 2012, jeunes metteurs en scènes européens, proposé par le Maillon et le TNS à Strasbourg.


Pour la 7ème édition, Premières, accueillaient du 7 au 10 juin 2012, pour quatre jour de «marathon» théâtral, neuf spectacles, dont sept inédits en France, et vingt-deux représentations ; onze jeunes metteurs en scène, dont sept femmes, issus de huit pays d’Europe, nous offrant ainsi un panorama subjectif de la jeune création théâtrale dans ce territoire lui aussi en construction. 



Une proposition de Barbara Engelhardt, responsable de la programmation, 
avec Olivier Chabrillange et Bernard Fleury, pour le compte du TNS et du Maillon, théâtre européen à Strasbourg.
«Chaque nouvelle édition témoigne des mutations de notre temps, là où le théâtre dispose de structures de production et de soutien public différents, de réseaux professionnels et sociaux spécifiques. 
Premières rend compte d’une grande diversité européenne des propos, des formes, des sujets et nous force chaque fois à constater qu’en Europe, le repli n’est pas de mise : il y a bien un en-commun européen et le théâtre en est une perpétuelle matrice, un lieu indispensable pour comprendre son temps : se sortir de soi et écouter l’autre évoquer à peu près les mêmes choses, peut-être, mais dans une autre perception, une autre formulation car misant sur une autre couleur, comme on le fait au jeu. 
Premières est un jeu, où tout le monde profite de ce qu’apporte son voisin comme perception sensible du monde actuel». (extrait de l'édito par l’équipe du festival Premières)
Choix judicieux au regard des 7 pièces que j’ai pu voir dans ce parcours. Premier constat, la barrière de la langue est vite oubliée. Le surtitrage est une béquille efficace. Evidence certes, mais bonne à rappeler.

Deuxième constat : 5 pièces ont été des vraies découvertes dans des registres variés (théâtre à base d’adaptation, théâtre documentaire, performance,...). Une sixième manque encore un peu de travail dramaturgique et une seule déception.
Autant dire que cette immersion de quatre jours dans le festival Premières a été une expérience heureuse, stimulante, revigorante ! 

Les 5 pièces enthousiasmantes :


«CMMN SNS PRJCT», spectacle de Laura Kalauz & Martin Schick (SUISSE)
http://www.festivalpremieres.eu/edition/spectacle/499/cmmn-sns-prjct

Sur le mode de «Il y a une chose que j’aimerai partager avec vous ce soir / There is somethig I’d like to share with you tonight», Laura Kalauz et Martin Schick mettent en place un dispositif théâtral, une performance autour de l’échange, du don, de la circulation des biens, de l’argent. De la propriété privée à la propriété intellectuelle. Et évidemment le véritable enjeu : les relations humaines. 

Site de Laura Kalauz et Martin Schick : http://www.kalauzschick.com

«Magnificat», spectacle de Marta Górnicka (POLOGNE)
Un choeur de femmes polonaise. «Le chœur de femmes - le choeur moderne tragique” / “Tout en critiquant la langue, outil du pouvoir, j’essaie de trouver une langue nouvelle pour la parole féminine” (Marta Gornicka). Travail au cordeau. Politique et poétique. Quasi chorégraphique. Un ensemble de femmes où chacune garde sa personnalité. Un très grand moment.

A écouter : l'interview de Kaja Stepkowska, dans l'émission "Aux premières loges" sur Radio Bienvenue Strasbourg. Kaja Stepkowska, qui a travaillé pour la radio polonaise, fait partie du choeur de femmes où elle donne le "la" :
Site du Chór Kobiet : http://www.chorkobiet.pl/en

«ArabQueen or the different life» d’après le roman de Güner Yasemin Balci / Nicole Oder (ALLEMAGNE)
Sur un sujet pourtant un peu «élimé» (la situation de la femme dans certaines familles musulmanes / choisir entre tradition et modernité), un écriture et une dramaturgie impeccables. Les personnages sont incarnés bien que traités par petites touches légères. Un spectacle plus que réussi servi par trois comédiennes, Inka Löwendorf, Tanya Erartsin et Sasha Ö. Soydan, et une mise en scène enthousiasmantes :  !! 
Nicole Oder fonde en 2007 le théâtre indépendant Heimathafen Neukölln à Berlin. Elle y met en scène la trilogie «Neukölln», d’après le quartier du même nom. «ArabQueen» en est, après «ArabBoy» et «Sisters», le dernier volet.
Site du Heimathafen Neukölln : http://www.heimathafen-neukoelln.de

«Mahabharata», spectacle de Marjolijn van Heemstra (PAYS-BAS)
Le récit d’une quête issue de la découverte du «Mahabahrata», le film de Peter Brook, par les deux protagonistes. Ils avaient 9 ans quand l’une en Hollande, l’autre en Inde, ont découvert le film en même temps, ressentis là même sensation à des milliers de km. Puis l’envie, 20 ans après, de se confronter à ce souvenir et à l’utopie convoquée par Peter Brook à travers sa vision du «Mahabahrata».
«La question est de savoir si nous sommes capables ou non de dépasser nos conceptions individuelles, pour parvenir à une histoire universelle. Une vision partagée, un moyen de vivre ensemble, avec moins de conflits.»
Marjolijn van Heemstra
Outre la qualité de jeu des deux comédiens, la force du spectacle réside aussi dans le fait qu’il intègre dans son propos même les conditions et l’environnement de sa création. Mettant à nu, avec humour et sans concessions les contradictions du projet initial. Revigorante mise en abîme... 

«Le Journal d'un fou» d’après Nicolas Gogol / Tufan Imamutdinov (RUSSIE)
Une vision en apesanteur de la situation du personnage principal dans le texte de Gogol. Avec peu de moyens mais beaucoup d’imagination et une troupe de comédiens épatants. Peu dire ! jeu au cordeau, quasi chorégraphique). Très vite s’installe un espace mental instable. Une façon juste et poétique d’évoquer le basculement dans une autre réalité. Et non sans humour.


Une pièce avec un bémol..

                   photo prise avant le début du spectacle. Une des comédiennes attend le début en compagnie d'une des hôtesses d'accueil du théâtre.


«Subjekt: Kohlhaas» d'après la nouvelle Michael Kohlaas de Heinrich von Kleist / Christian Valerius (SUISSE)




Belle cohésion de troupe de comédiens et une comédienne qui se démarque, mais l’écriture et la dramaturgie nécessite peut être encore un peu de travail... La relecture proposée du texte peu connu en France de Kleist mérite qu’on s’y penche.



Et une pièce décevante, malheureusement...

Szóról Szóra (Mot pour mot), spectacle collectif de PanoDrama (HONGRIE)
La déception : pourtant j’étais attaché au sujet. La situation réservée aux roms et aux tsiganes en Hongrie, autour d’un fait divers meurtrier. L’enquète menée est passionnante, mais le traitement dramaturgique peu convaincant pour moi. Au final un objet de théâtre documentaire trop plat et peu stimulant. Loin de ce que faire RIMINI PROTOKOLL par exemple...

(a. w. // photos D.R.)

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