Du 29 juin au 7 juillet 2012.
Editorial
Il y a près d’une année et demie, j’ai stressé les employés d’une chaîne américaine de supermarchés biologiques: « Où se trouve le thé au fenouil ? ai-je demandé. – A quelle fin ? m’a-t-on rétorqué. – Euh... parce que le goût me plaît ! – Mais pourquoi en avez-vous besoin ? Vous détendre, dormir, perdre du poids, digérer, revitaliser, détoxifier, retoxifier? »
Lorsque j’ai raconté cette histoire à mes collègues, ce dernier mot les a fait éclater de rire et a immédiatement lancé une discussion sur notre société qui propose un remède à tout. RETOX : simple hasard de la langue ou lapsus révélateur?
Le terme réintoxication est généralement utilisé lorsqu’une personne reprend la consommation de substances provoquant une dépendance après s’être fait désintoxiquer. Dans une société dédiée au bien-être, le besoin de se relaxer s’est ancré dans notre système néolibéral, on favorise le thé vert au détriment de l'eau et la gigantesque palette d'activités consacrée au wellness en est devenue stressante. Le Festival Belluard Bollwerk International considère qu’il est temps de plonger dans la RETOX et de sortir de notre zone de confort.
Pas pour se saouler à notre nouveau bar à cocktail, mais pour réinventer, restaurer, revitaliser, renouveler, relocaliser et régénérer l’art, la culture, la politique et l’écologie. Pour accentuer la tension entre ce que nous ne voulons pas voir et ce qui est irrésistible, pour mettre au défi le spectateur. Pour retourner au principe simple et à l’action directe, pour se rebeller contre la hiérarchie du savoir à laquelle notre société nous confronte. Pour proposer de nouvelles stratégies, joueuses ou radicales, pour un monde futur.
Cheers!
Sally De Kunst & the Belluard Festival team
Le Festival Belluard Bollwerk International est un haut lieu de production et donne aux créateurs les moyens de développer leur travail et de le faire connaître. Au moins un tiers du budget annuel est alloué aux productions. Le festival produit aussi bien des formats classiques que des formats sortant des sentiers battus. Le fait de rendre la réalisation d’idées possible au niveau technique, artistique et organisationnel demande un travail de production important. Un processus qui requiert une collaboration intensive avec d’autres acteurs de Fribourg, notamment les Services de la Ville.
Les productions maison, réalisées spécialement pour le festival, sont le fruit d’une collaboration intense entre l’organisation et les artistes, notamment lors de la résidence d’une semaine qui est organisée en février. Cette rencontre, à laquelle sont conviés des spécialistes de différentes disciplines, représente une occasion unique d’enrichir le développement thématique des projets et de cimenter leur socle conceptuel.
Pour les artistes dont la reconnaissance est déjà établie, le festival offre une plateforme d’expression ouverte aux nouvelles tendances de la création artistique. Pour les artistes émergents, le festival fait office de tremplin en raison de la présence de nombreux programmateurs étrangers. Certaines créations vont en effet être diffusées par la suite dans d’autres lieux culturels, en Suisse comme à l’étranger. Avec le temps, le festival s’est d’ailleurs forgé une solide réputation parmi les lieux culturels européens et a tissé des liens avec des institutions dont les sensibilités sont proches.
Fidèle à sa mission qui consiste à dévoiler les nouvelles tendances de l’art à son public, le festival convie à Fribourg beaucoup de productions inédites en Suisse, ce dont témoigne d’ailleurs la forte proportion des premières dans la programmation.
productions maison
TEATRO OJO : PONTE EN MI PELLEJO | KEITH LIM : ACHIEVEMENT ACHIEVED | MARTIN SCHICK : NOT MY PIECE | GETINTHEBACKOFTHEVAN : BIG HITS | STEPHANE MONTAVON, GILLES LEPORE & ANTOINE CHESSEX : BOLIDAGE | DAMIR TODOROVIć : AS IT IS.
premières suisses
NICK STEUR : FREEZE! | SERDE : MOONSHINE | ERIK & HARALD THYS : LECTURE AUTOMOBILE | PIETER DE BUYSSER & HANS OP DE BEECK : BOOK BURNING | JONATHAN KEMP, MARTIN HOWSE & RYAN JORDAN : RECRYSTALLIZATION | FLORENTINA HOLZINGER & VINCENT RIEBEEK : KEIN APPLAUS FÜR SCHEISSE | YAEL BARTANA : ...AND EUROPE WILL BE STUNNED | THE INSPECTOR CLUZO & THE FB’S HORNS | INSTITUTE FOR HUMAN ACTIVITIES : A GENTRIFICATION PROGRAM | BRIAN HOLMES : DéRIVE CONTINENTALE à TRAVERS LA PAMPA.
Editorial in english
One and a half years ago I stressed out the employees of an American organic supermarket chain. Where I could find fennel tea, I asked. "What’s the purpose?" I was asked back. "Euh, I like the taste." "But what do you need it for: to relax, sleep, lose weight, digest, get energy, detox, retox?"
This last word made my colleagues, whom I was telling this story to, laugh and it immediately raised a discussion about how society proposes a cure for everything. RETOX: a simple slip of the tongue or a wake-up call?
The term retoxification is normally used when a person resumes the consumption of addictive substances after undergoing detoxification. In a society where ‘feel good’ is compelling, relaxation has become imbedded in our neoliberal system, green tea is promoted rather than water, and the vast choice of wellness activities creates stress, the Festival Belluard Bollwerk International considered it is time to RETOX and get out of our comfort zone.
Not to start binge drinking all together at our new cocktail bar, but to reinvent, restore, refresh, revitalize, renew, relocate and regenerate art, culture, politics and ecology. To stretch out the tension between something you don’t want to see and something that is irresistible, to ethically challenge the audience. To return to one single action or practice, as a counterpoint to the hierarchy of knowledge we are confronted with in our society, or to propose playful or radical visionary strategies for a new world.
Cheers!
Sally De Kunst & the Belluard Festival team