mardi 5 juin 2012

Jeff Koons à la Fondation Beyeler à Riehen-Basel.




Retour à la Fondation. Je n’y étais retourné depuis l’exposition somptueuse consacrée à Bonnard en février. Chaque retour est toujours empreint d’impatience. Plus qu’un musée ou un lieu, la Fondation Beyeler est un havre de beauté et de stimulation depuis bien des années. Outre une collection exemplaire, la Fondation a le sens des expositions temporaires, souvent des propositions singulières. Profitant à chaque fois pour recomposer, repenser, la présentation de la collection permanente.
Après Bonnard, l’exposition de «l’été» est consacré à Jeff Koons. La première exposition consacrée à l’artiste en Suisse. Une exposition qui sent bon le marché de l’art à quelques jours de ART BASEL (14 au 17 juin 2012) et l’exposition populaire pour la saison estivale.
Autant je me réjouissais de passer une nouvelle après-midi à Beyeler, autant la perspective de cette exposition consacrée à Jeff Koons ne m'enthousiasmait guère. A priori. Se méfier toujours des à priori...


En arrivant, dans le Berower Park de la fondation, impossible de rater «Split-Rocker» (2000-2012), gigantesque sculpture florale, jardinière fascinante et quelque peu monstrueuse. Mi poney, mi dinosaure. Elle se dresse à la place où habituellement danse lentement le stabile acier noir mat tranchant de Calder (actuellement en restauration). 
Là tout n'est que rondeur, explosion de couleurs, de volumes. Presque tout. La tête est en fait deux deux têtes coupées, réunies mais disjointes, laissant apparaître un ruban d'acier miroir. Éclair lumineux qui tranche sur le volume rond rassurant. 
Dans l'air le parfum des milliers de fleurs est entêtant. 
Du kitsch plus grand que nature qui bataille avec le paysage alentour et donne le ton. La sculpture serait parfaite dans une Landesgartenschau (genre de compétition annuelle de villes fleuries puissance dix en Allemagne).
Mais déjà la sculpture dégage quelque chose de monstrueux...
Et cette sensation s’installera tout au long de la visite.


Si je reste peu sensible à la série des porcelaines («Banality»), celle des débuts «The new», ready made d’aspirateurs dans des caissons en plexi sur néons blancs, et la récente série «Celebration» me titillent. Séduit, certes, mais pas que... J’aime la fausse simplicité et la force que dégage «The new». Une brutalité tranquille et vibrante d’objets du quotidien. Célébration déjà. Inquiétude déjà. Sensation qui s’insinue dans toutes les oeuvres de «Celebration». L’exagération des sculptures à partir d’objet quotidien (souvent liés à l’enfance ou des souvenirs d’enfance), jusque dans la perfection de leur réalisation, séduisent et inquiètent en même temps. 





Ambivalence des émotions suscitées par les œuvres de Jeff Koons. 
En vrac : enfance / adulte. Innocence / culpabilité. Eros / Thanatos. Vie / mort. Joie / tristesse. Pur / impur. Légèreté / poids. Rassurant / inquiétant. Phallique / vaginal. Etc.
La sélection d’oeuvres et le parcours d’exposition proposés par les commissaires d’exposition dégagent en partie Jeff Koons des étiquettes qui font (parfois à juste raison) sa réputation. Laissant émerger des aspects plus noirs que ceux auxquels je m’attendais. Assez fascinant dois-je dire...


"L'artist talk avec Jeff Koons", jeudi 14 juin 2012 à la Fondation Beyeler, affiche complet. Espérons qu'elle sera visible ensuite sur le site de la fondation comme nombre des rendez-vous proposés...


Fondation Beyler, juin 2012, suite de la visite...
Une nouveauté : la Calder Gallery. 
La Fondation Beyeler s’engage dans une coopération de plusieurs années avec la Calder Foundation de New York. Des œuvres appartenant à la Calder Foundation seront exposées dans une série de mises en scène, la « Calder Gallery ». Il s’agit d’établir à la Fondation Beyeler une présence permanente, unique en Europe, d’œuvres du grand artiste américain Alexander Calder (1898–1976) et d’apporter une contribution à l’étude de son œuvre. 
La première « Calder Gallery » est un hommage à Mary Calder Rower, la plus jeune fille d’Alexander Calder, décédée l’année dernière.
Belle unité de présentation. Une sélection cohérente centrée sur l’expérience du temps. Je reste longtemps, notamment, à regarder un mobile devant un tableau blanc (le titre m’échappe...) !
Le reste du musée (partie avant) a été réorganisé à l'occasion de l'exposition Jeff Koons. Choix d'oeuvres de la collection Beyeler. Une salle Piet Mondrian, une salle Paul Klée (splendide ensemble !!!!!!!), une salle Rothko (non moins somptueuse) avec notamment des prêts de la Daros Collection de Zürich.
Je reste cela dit toujours sceptique sur la présentation commune de Rothko et de sculptures de Giacometti. 
Suivent une «petite» sélection de Picasso, Braque et Barnett Newman extraite de la collection Beyeler. 
"Nymphéas" de Monet a retrouvé sa place idéale en dialogue par la baie vitrée avec l'étang devant le musée. Idem pour "Le pont japonais" qui a juste changé de mur. Bonne idée d'ailleurs. 
Quelques sculptures d'Océanie ont refait surface. Cette fois dans une salle avec une toile du Douanier Rousseau, un buste de Picasso, un Van Gogh et deux Cézanne. 
J'avoue que ce musée continue à me surprendre à chaque visite. Il est perpétuellement en mouvement. Plus ou moins à mon goût. Le plus souvent il l'est. Aujourd'hui je dois dire que ce fut encore le cas. 
Belle proposition d'accrochage autour de l'exposition Jeff Koons. L'ensemble du lieu respire et les toiles se répondent. Même si les styles sont très différents le dialogue finit par naître.

Toutes les photos : alain walther D.R. Pas d'utilisation commerciale, ni reproduction, sans autorisation. Merci.

Pour toutes les oeuvres représentées, droits réservés : Fondation Beyeler, artiste et prêteurs. Toute utilisation est interdite sans demande préalable à la fondation.


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